Comment l’ambition vient aux filles ?

Ce sujet a 1 réponse, 2 participants et a été mis à jour par  Sylvie Clément, il y a 9 ans et 11 mois.

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    Comment l’ambition vient aux filles? C’est cette question, titre de son ouvrage, que Frédérique Cintrat explore, se nourrissant de la vision de neuf femmes l’ayant inspirée et de sa propre expérience. Commerciale, maintenant « entrepreneuse », intervenant régulièrement dans des réseaux tels Financi’Elles, ou Parité Assurances, l’auteure a également reçu en 2013 le prix de la « femme de l’année dans l’assurance». Rencontre avec une ambitieuse qui s’assume.

    Dans votre livre, vous donnez la parole à neuf femmes ambitieuses de votre entourage, salariées, étudiantes ou encore chefs d’entreprise. Comment ont-elles réagi à votre sollicitation ?

    Frédérique Cintrat : Beaucoup ne se demandaient pas si elles étaient ambitieuses. Par exemple, Nadia Frontigny, vice-présidente de Care Management (Orange Health Care Division), par ailleurs l’une des premières polytechniciennes, a été interpelée lorsque je lui ai posé la question ! En fait, j’observe une différence entre « j’ai la niaque, je fais bouger les choses , j’ai envie de progresser » et « je reconnais que cela s’appelle l’ambition. » Certaines femmes que j’ai rencontrées ont du mal à s’approprier ce terme qui reste encore associé à la vilaine, la méchante carriériste. C’est idiot !

    Vous donnez également la parole à Carol-Anne, étudiante en alternance dans le secteur de l’assurance. Pour elle, l’ambition des femmes consiste à prouver qu’elles valent autant que les hommes. N’est-ce pas triste à entendre dans la bouche d’une jeune femme de 23 ans ?

    Frédérique Cintrat : En 1983, Françoise Giroud disait que la femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. Si plus de 30 ans plus tard, Carol-Anne ressent que les femmes doivent encore fournir plus d’efforts que leurs homologues masculins, c’est parce qu’elle l’a observé. Elle se rend bien compte que dans le milieu dans lequel elle évolue, le secteur de l’assurance, de la banque, de la finance, plus on monte, moins il y a de femmes. On parle souvent du plafond de verre, n’oublions pas les parois de verre ! Les femmes choisissent (soit par intérêt soit parce qu’elles se disent orientées) des fonctions dans la communication, les ressources humaines etc. On peut avoir une belle ascension dans ces domaines mais ils permettent rarement d’atteindre les hautes sphères et de devenir directrice générale.

    Photo Couv Cintrat

    Doit-on revoir la façon dont on éduque les filles ?

    Frédérique Cintrat : On a tendance à inculquer le goût du risque, du challenge aux petits garçons. Sans s’en rendre compte, les parents ont moins cette exigence pour les filles, ce qui a ensuite des répercussions sur toute leur construction. Dans mon livre, je me mets en scène pour expliquer qu’une fillette peut très bien aimer passer des heures à l’extérieur, comme les garçons. J’ai grandi à la campagne : j’étais tout le temps dehors à construire des cabanes, jamais à l’intérieur. Donc je ne voyais pas pourquoi, une fois adulte, je devrais me confiner dans des rôles domestiques. Je n’étais pas un garçon manqué pour autant : j’aimais aussi être avec mes copines et jouer à drôles de dames !

    Autre exemple : les mathématiques. On devrait arrêter de dire que les filles sont bonnes en lettres, les garçons en calcul. Car du coup, les filles avec des capacités en mathématiques risquent d’avoir tendance à se mettre des freins en se disant : « les maths, si je rencontre des difficultés c’est parce que je suis une fille. » Avec ce genre de raisonnement dès l’enfance, les jeunes femmes s’autorisent moins à se projeter dans l’univers professionnel.

    Vous êtes très impliquée dans différents réseaux, à la fois mixtes (Ex-Cardif Génération 90) et féminins (Alter Egales CDC, Parité Assurances…). Les jeunes femmes ont-elle conscience de leur importance ?

    Frédérique Cintrat : non, d’autant qu’aller dans les réseaux n’est pas tout ! Il faut également apprendre à fonctionner en réseaux. Je constate que les femmes considèrent souvent le fait de réseauter comme une perte de temps: consciencieuses, elles veulent se concentrer sur leurs dossiers. Dans mon métier, je déjeune souvent à l’extérieur. A chaque fois, je me dis, désolée, : « heureusement que les hommes sont là pour remplir les restaurants le midi. » Or, c’est pendant ce temps que pas mal de choses se passent !Certaines se disent: « je n’ai pas le temps. » En attendant, les hommes le prennent !

    Beaucoup de jeunes femmes aujourd’hui ne se disent pas féministes. Que leur répondez-vous ?

    Frédérique Cintrat : Dans l’esprit des gens, la féministe est une agressive-énervée . C’est presque devenu une honte. Alors que si l’on revendique les mêmes droits pour les hommes et les femmes, tout le monde devrait être féministe ! Même les hommes !

    Grâce à mon métier, je suis plutôt bien intégrée dans l’univers masculin. Lorsque j’ai expliqué que j’avais écrit un livre pour donner de l’énergie, de l’ambition aux femmes, on m’a répondu : « ah ça ok, c’est bien, ce n’est pour nous culpabiliser » ou alors « mais tu es féministe ! »Dans ces cas-là, j’assume complètement en répondant : « si je suis féministe car je suis pour que les femmes et les hommes aient les mêmes droits, j’espère que toi aussi tu l’es ! » En général, personne ne répond à cette objection.

    Comment l’ambition vient aux filles (ed Eyrolles)

    #656

    Sylvie Clément
    Participant

    La question est de définir l’ambition, en effet.
    Est-ce l’envie de progresser et de construire, ou l’envie d’avoir du pouvoir/de l’argent ?
    Pour ma part, j’assume la première, mais pas la seconde.

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